J’avais 26 ans quand je suis tombée enceinte. Je me trouvais jeune et, sur bien des plans, pas assez mûre pour être mère. Par ailleurs, j’étais certes dans une relation sérieuse, mais nous n’étions pas mariés.
Aujourd’hui, j’ai 32 ans et je suis une maman solo (célibataire). Mon ex-conjoint et moi avons rompu il y a quelques années ; mais il est resté présent, à sa manière, dans la vie de notre fille. Je pense que tout comme moi, il fait de son mieux.
Mes craintes
Écrire ce témoignage a fait resurgir toutes sortes d’émotions et m’a fait repenser à des moments très difficiles qui ont marqué cette saison de ma vie.
Je me suis rappelé la crainte qui m’avait saisi quand j’ai appris que j’étais enceinte. J’avais à la fois peur de l’avenir, et je redoutais la réaction de mes parents. Je n’avais pas la moindre idée de comment j’allais éduquer un enfant, alors que je me comportais à peine comme une adulte. Mes seules préoccupations à l’époque étaient d’avoir un frigo plein et de m’acheter de nouvelles chaussures.
J’étais troublée. Je me sentais perdue. On n’apprend pas à l’école à devenir parent. Et j’ai beau avoir une multitude de nièces et de neveux, dont je me suis occupée, ce n’est pas pareil.
La première chose que j’ai faite était de m’assoir par terre dans la salle de bain et de prier en pleurant : une belle cacophonie. Je pense que ça a été la prière la plus confuse de ma vie Que dire ? J’étais terrifiée. Je devais demander au Seigneur de m’aider alors que j’avais péché. En ce temps-là, je n’avais pas encore compris que le Seigneur tend toujours la main à celui qui lui demande son secours.
Une voix dans ma tête me disait que je l’avais déçu. J’avais déçu le Seigneur ainsi que mes parents ; et ma vie allait s’arrêter. Des idées qui me paraissent aujourd’hui saugrenues. Mais je savais que j’avais déçu mon Dieu à ce moment-là. J’avais péché. Et si avant je pouvais le cacher à la face du monde, là je ne pouvais plus.
Les choses allaient être différentes, et j’avais l’impression de n’avoir aucun contrôle sur la suite des évènements.
Mes défis : l’absence du père de ma fille
Mon plus gros défi a été la solitude. La solitude englobe beaucoup de choses. C’est un sentiment complexe. On peut se sentir seule au milieu d’une foule en ébullition. Et là, je me suis sentie seule face à moi-même et à cet enfant. Tout se bousculait dans ma tête. Au début, son père était présent, physiquement présent.
Mais j’ai dû assumer quasiment seule toutes les charges qui incombent à la préparation de l’arrivée d’un enfant. Je n’ai pas vraiment profité de ma grossesse. Les séances photo et tout ça, je n’en ai pas fait. Je n’y ai même pas pensé. Je devais anticiper l’achat de couches, du lait, de vêtements, etc.
Je ne veux pas accabler le père de ma fille. Il a surement fait de son mieux à ce moment-là, luttant lui-même avec ses angoisses et ses craintes. Mais son mieux n’était pas suffisant. Il ne l’est toujours pas.
Je pense que ce n’est pas un hasard qu’il faut deux personnes pour concevoir un enfant. C’est parce qu’il faut deux parents impliqués activement dans la vie de l’enfant, et j’insiste sur le mot « impliqué », pour l’éduquer et assurer son bonheur.
La grâce de Dieu tout au long de mon parcours
Je suis certes une maman solo, mais je n’ai jamais été seule. J’ai rencontré Jésus, et je suis intimement persuadée qu’à chaque moment où j’ai vraiment eu besoin d’une aide, il a mis (et continue de mettre) une personne sur ma route pour me soutenir.
J’ai été très entourée par ma famille, mes parents et mes amies. Je parle d’amies au féminin parce que mes copines, et la tante paternelle de ma fille, ont véritablement été un soutien et une force sans faille. Encore aujourd’hui, je bénéficie de cet entourage aimant et dévoué qui compense le manque d’un mari.
J’ai d’ailleurs eu une superbe babyshower, et mes amis m’ont couverte de précieux cadeaux. Des cadeaux qui vont au-delà du matériel : l’amour et le soutien n’ont pas de prix.
Je ne dis pas que l’absence de mon ex-conjoint n’a pas laissé un vide. Le vide était bien présent, et je le ressentais. Mais par la grâce de Dieu, et en découvrant son amour pour moi, le vide a commencé à se remplir ; et aujourd’hui je ne fais plus une fixation sur être en couple, que ce soit avec le père de ma fille ou quelqu’un d’autre.
Choisir le chemin du pardon et s’abandonner à Dieu
À un moment donné, on n’a pas d’autre choix que de dépasser les rancœurs, la colère, le doute, le sentiment d’abandon et tous ces sentiments négatifs qui nuisent à notre équilibre intérieur. On ne peut pas prétendre à une vie heureuse en portant un tel fardeau.
Je suis passée par la colère et l’amertume. Mais j’ai prié, j’ai demandé la force de pardonner et d’avancer. Pas seulement pour moi, mais surtout pour ma fille. Elle n’a pas à ressentir ni à subir le poids de mes frustrations. J’ai demandé la force, et j’ai reçu du soutien et de l’amour me parvenant de tous les côtés.
J’ai vu la main de Dieu quand un collègue m’a offert les vêtements de sa petite fille née quelques mois avant la mienne ou quand une autre m’a donné un lit-parapluie. Je pouvais compter sur les conseils et l’attention de mon entourage. Même dans le sourire d’inconnus, je me sentais fortifiée et accompagnée.
J’ai fait le choix de donner mon fardeau à Jésus. Le Seigneur m’a donné la force que je lui avais demandé. Je me sens plus forte aujourd’hui, mais j’ai toujours besoin de l’appui de mon Dieu.
Lui seul ne te laissera jamais tomber, il est sans faille. Ne mets pas tout ton amour et ta confiance dans un simple homme. Mets-les en un homme qui a donné sa vie pour toi bien avant ta naissance pour que tu sois sauvée, cet homme c’est Jésus.
Ça semble simple comme engagement : je mets ma confiance en lui, et il me gardera dans la lumière. Oui, c’est simple. Mais cette lumière qu’il t’a donnée, tu dois l’entretenir tous les jours par la prière, tes actions, ton obéissance au Seigneur…
Regarde au fond de toi. Tu te rendras compte que tu as survécu à tous ces moments difficiles que tu pensais insurmontables, parce Dieu te fortifie, il te protège et t’accompagne même quand tu ne le vois pas ou ne le sens pas.
Dieu fait au-delà de ce que je peux imaginer
Aujourd’hui, quand je regarde le sourire et l’épanouissement sur le visage de mon enfant, beaucoup moins de choses m’atteignent. J’ai réalisé que c’est moi qui laissais la possibilité aux autres de me faire du mal. Je ne pouvais pas contrôler les gens ni les circonstances, mais je pouvais veiller sur mon cœur comme le demande la Parole. Une fois que je l’ai compris, ma vie de maman solo est devenue une belle expérience.
J’ai appris à mieux me connaitre : mes capacités, mes limites, mes forces et mes faiblesses. J’ai appris à ne compter que sur Dieu et à ne dépendre d’aucun homme, une leçon qui n’a pas de prix. Parce que je le sais, je ne laisserai personne abuser de moi ou de ma confiance. Parce que je le sais, vivre en couple n’est plus une fin en soi, un but, et encore moins une obligation. Le mariage devient une bénédiction de plus dans ma vie, mais ça ne la construit pas. Ainsi, que je me marie ou pas, ma fondation restera toujours tout aussi solide, car j’ai bâti ma maison sur le roc qu’est Jésus Christ.
Bien sûr, j’aspire toujours à rencontrer et à épouser l’homme de ma vie, mais ce désir ne passera jamais avant ma santé émotionnelle et spirituelle, et certainement pas avant les besoins de ma fille.
L’enfant est un bien précieux, quel que soit le contexte
Depuis sa naissance, je dirais même depuis la première fois où j’ai entendu son cœur battre, j’ai aimé ma fille de toutes mes forces ; et je l’ai fait passer avant moi sur tous les plans. J’en ferai autant pour tous mes futurs enfants. Avant d’être une maman solo, je suis une maman ; et c’est avant tout une bénédiction.
Sentir un enfant se former dans son ventre, porter la vie d’un petit être si vulnérable, le mettre au monde, lui donner le sein, se réveiller la nuit juste pour s’assurer qu’il respire : c’est une expérience unique, un don de Dieu.
Je bénis Dieu pour mon enfant, et tu béniras Dieu pour le tien, peu importe les circonstances de sa conception ou les défis qui t’attendront.
Fortifie-toi et prends courage
Si tu es déjà maman, ou que tu attends un enfant, sois sans crainte, tu vas y arriver. Quand tu te sentiras au bout du rouleau, Dieu renouvellera tes forces comme il renouvelle les miennes. Quand ce sera dur, pleure, crie ; mais surtout, demande de l’aide. Dieu te l’enverra sous des formes que tu n’imagines même pas.
Être une maman solo n’est en rien une fatalité. Si tu doutes de toi, plonge-toi dans la Parole de Dieu. Sinon, tu pourrais ouvrir la porte à des personnes gauches ou mal intentionnées qui accentueront tes doutes et tes peurs.
Être mère, c’est être mère, que le père de l’enfant soit présent ou non. D’ailleurs, je crois qu’un enfant est toujours premièrement la responsabilité de la mère, que celle-ci soit en couple ou non. Il n’y a qu’à voir comment les écoles n’appellent le père que si la mère n’a toujours pas répondu au bout du cinquième appel.
Trouver un équilibre
Par la grâce de Dieu, et avec beaucoup d’organisation et de sacrifices, j’ai su trouver le bon équilibre pour ma fille et moi. Il est très important pour moi qu’elle ne manque de rien. Je fais tout pour lui donner l’amour et l’attention de deux parents. Je suis à la fois sa mère et son père.
Et j’avoue que des fois c’est épuisant. Je dois rester plus ferme que les autres et céder à moins de caprices, car je suis sa seule figure d’autorité. Je n’ai pas non plus le privilège de prendre des pauses ou de m’absenter. Même quand je me sens extrêmement fatiguée, je dois me lever et prendre soin d’elle, car personne d’autre ne le fera. Certes il m’est arrivé de craquer, mais c’est normal et ça finit par passer.
J’ai dû apprendre à prendre soin de moi aussi. J’ai réalisé que je ne pouvais pas lui offrir le meilleur de moi-même si je n’avais rien à donner. Alors je me suis appuyée sur mes proches pour la garder (même s’il m’arrive encore d’oublier de m’occuper de moi-même) quand je veux avoir un peu de temps pour moi. Je vais au cinéma, au restaurant, je fais du sport, des manucures, je sors avec mes amies, etc.
Quand on est bien organisé et que ceux à qui l’on demande de l’aide nous tendent la main, tout est possible.
Je suis maman solo depuis 6 ans, et je ne regrette pas ma vie avant ma fille. Oui, je suis heureuse. Et non, je ne suis pas seule.
Témoignage d’AEO