Le 6 septembre 2018, Botham Jean, un comptable noir de 26 ans, a été tué dans son appartement à Dallas (États-Unis) par Amber Guyger, une policière blanche qui n’était pas en service au moment des faits. Lors de son procès, cette dernière a déclaré être rentrée dans l’appartement du jeune homme, pensant que c’était le sien, et l’avoir pris pour un cambrioleur. Elle l’a alors abattu avec son arme à feu. Les circonstances de la mort tragique de Botham Jean ont rapidement entrainé des manifestations, dans un pays déjà divisé sur la question de violences policières envers la communauté noire.
Toutefois, l’acte qui a réellement retourné le pays est celui qu’a posé le frère du défunt, Brandt Jean. Lors de l’audience de détermination de la peine de la meurtrière de son frère, condamnée à 10 ans de prison, Brandt a pris Amber dans ses bras ; et dans cet intense et unique moment chargé en émotions, il lui a pardonné d’avoir pris la vie de son frère. Son geste, que beaucoup ont qualifié « d’extraordinaire », a fait la une de tous les journaux. Et pour cause ! Ce jeune homme, d’à peine 18 ans, venait de pardonner ce que beaucoup qualifieraient « d’impardonnable ».
Qu’est-ce que le pardon ?
La Bible raconte une merveilleuse histoire d’amour : celle d’un Père parfait qui aimait si profondément et si tendrement ses enfants, que son amour indéfectible a couvert leur rébellion et toutes leurs offenses et leur a permis (par le sacrifice de Jésus, son Fils unique) d’avoir part à un héritage qu’ils n’auraient jamais pu acquérir par eux-mêmes.
De fait, au travers des 66 livres qui forment la Parole de Dieu, l’on découvre et redécouvre l’amour et la miséricorde d’un Dieu souverain, qui choisit de payer une dette que nous n’aurions jamais pu rembourser par nous-mêmes ; et c’est dans cette image que se dessine parfaitement la définition du pardon (Mat 18.21-35). Pardonner à quelqu’un, c’est effacer une dette qu’il ne pourrait jamais nous rembourser.
Tel que dans le cas de Brandt Jean, il n’y a rien que l’agente de police aurait jamais pu faire pour ramener son frère à la vie ; néanmoins, il a choisi de complètement effacer sa dette sans rien demander en retour. Et c’est cela que notre Père céleste, qui a effacé nos plus graves transgressions, attend de nous : que nous recourrions les uns envers les autres à la même bonté et la même miséricorde qu’il nous a manifestées.
Pardonner à qui ?
En choisissant de donner sa vie pour nous, qui étions coupables et condamnés à la mort, Christ nous prouve que le pardon est un choix. Un choix qui ne dépend ni de la gravité de l’offense, ni de celui qui l’a commise, et certainement pas de son état de repentance (Jésus est mort à la fois pour ceux qui l’acceptent et ceux qui le rejettent). Mais c’est une décision qui repose entièrement sur la personne qui accorde son pardon.
C’est ainsi que le Seigneur nous appelle à pardonner à tous : à ceux qui nous ont blessées ou offensées, ceux qui nous ont rejetées ou méprisées, ceux qui n’ont pas su nous aimer, ceux qui nous ont voulu du mal, ceux qui ont comploté contre nous, et même ceux qui nous ont maudites. Et cela a beau nous paraitre scandaleux, Jésus ne s’arrête pas là. Non. Il va jusqu’à nous demander de prier pour ces personnes (Mat 5.44), comme lui-même a intercédé sur la croix pour ceux qui le mettaient à mort.
Pourquoi pardonner ?
Parce que Dieu nous a pardonné
Notre idolâtrie, notre impudicité, notre rébellion, nos actions mauvaises… Jésus s’est chargé de tous nos péchés sur la croix. Prends un moment et repense aux pires actions que tu as posées, au mal que tu as fait ; c’est par amour que Dieu t’a tout pardonné et qu’il a envoyé son Fils porter le châtiment qui t’était réservé. De même, c’est par amour que le Fils s’est donné lui-même en sacrifice. Comment donc ne pardonnerais-tu pas à celui qui pèche contre toi ?
Si nous reconnaissons nos péchés, Dieu est fidèle et juste et, par conséquent, il nous pardonnera nos péchés et nous purifiera de tout le mal que nous avons commis.
1 Jean 1.9
Parce que c’est un commandement de Dieu
Si nous disons aimer Dieu, alors nous devons lui obéir (Jn 14.21). S’il nous ordonne de pardonner, c’est parce qu’il sait que nous avons le pouvoir de poser cet acte volontaire et que nous pouvons nous appuyer sur lui si c’est trop difficile ou trop douloureux.
Supportez-vous les uns les autres, et si l’un de vous a quelque chose à reprocher à un autre, pardonnez-vous mutuellement ; le Seigneur vous a pardonné : vous aussi, pardonnez-vous de la même manière.
Colossiens 3.13
Parce que c’est pour la liberté que Christ nous a rendues libres
Le manque de pardon peut vite devenir une prison et nous enfermer dans l’amertume, la colère, la rancune, le ressentiment ou la haine.
Amertume, irritation, colère, éclats de voix, insultes : faites disparaître tout cela du milieu de vous, ainsi que toute forme de méchanceté. Soyez bons et compréhensifs les uns envers les autres. Pardonnez-vous réciproquement comme Dieu vous a pardonné en Christ.
Éphésiens 4.31-32
Parce que le pardon affermit et soigne nos relations
Personne n’est parfait. S’il fallait tenir rigueur de chaque faute, toutes nos relations (familiales, amicales, professionnelles, etc.) se dégraderaient, et nous serions condamnées à la souffrance et à la solitude.
Qui veut se faire aimer, pardonne les torts qu’il a subis : les rappeler divise les amis.
Proverbes 17.9
Et si nous refusions de pardonner ?
Nous nuirions à notre communion avec Dieu
D’une part, le pardon est un commandement, quelle intimité pourrions-nous développer avec Dieu et comment pourrions-nous lui plaire si nous lui désobéissons ? D’autre part, ne serions-nous pas hypocrites d’espérer le pardon de Dieu tandis que nous refusons d’accorder le nôtre à notre prochain ?
Mais si vous ne pardonnez pas aux autres, votre Père ne vous pardonnera pas non plus vos fautes.
Matthieu 6.1
Nous nous détruirions de l’intérieur
L’amertume, la tristesse, l’affliction et tous ces sentiments, qui minent le cœur qui refuse de lâcher prise, volent notre paix, notre joie et notre espérance.
Tel autre va s’éteindre l’amertume dans l’âme, sans avoir goûté au bonheur.
Job 21.25
Nous mettrions notre santé en péril
Nous sommes corps, âme et esprit. Ces trois parties sont intrinsèquement liées. Il serait illusoire de croire que les mauvais sentiments qui animent notre âme, et qui découlent du refus de pardonner, n’ont pas de répercussions sur notre corps.
Un cœur joyeux est un bon remède, mais un esprit abattu dessèche les os.
Proverbes 17.22
Nous nous exposerions à être traités tout aussi durement
La Parole de Dieu est claire, nous serons traités comme nous aurons choisi de traiter les autres. Si nous semons le pardon et la miséricorde, c’est ce que nous récolterons. Sinon, nous récolterons le jugement et la condamnation.
Ne condamnez pas les autres, pour ne pas être vous-mêmes condamnés. Car vous serez condamnés vous-mêmes de la manière dont vous aurez condamné autrui, et on vous appliquera la mesure dont vous vous serez servis pour mesurer les autres.
Matthieu 7.1-2
Nous nous rendrions esclaves
Esclaves de l’offense et esclaves de ses conséquences.
[…] car tout homme est esclave de ce qui a triomphé de lui.
2 Pierre 2.19
Nous donnerions accès au diable
Nourrir notre colère, c’est comme ouvrir une porte spirituelle et donner un droit au diable sur notre vie.
Si vous vous mettez en colère, ne péchez point ; que le soleil ne se couche pas sur votre colère, et ne donnez pas accès au diable.
Éphésiens 4.26-27
Comment pardonner ?
Certes, pardonner est une décision qui repose entièrement sur nous, mais ça ne signifie pas pour autant que c’est une décision facile. Il serait probablement plus aisé de ne pardonner qu'à ceux qui commettent involontairement de petites offenses, pas trop graves, et qui s’empressent de s’excuser lorsqu’ils se rendent compte qu’ils nous ont blessées. Or, ce n’est pas ce que Dieu nous demande. Il nous demande de pardonner toutes les offenses, les petites comme les grandes, même les « impardonnables ». Il nous demande de pardonner à tous sans exception, même à ceux qui ne sont pas désolés et nous referaient du mal s’ils en avaient l’occasion. Mais heureusement, Dieu ne nous abandonne pas seules face à cette décision difficile. Au contraire, il nous accompagne et manifeste sa grâce et sa puissance dans nos faiblesses.
1. Éprouve ta douleur et confie là à Dieu
Pardonner ne rime pas avec ignorer ta douleur ou prétendre qu’elle n’existe pas. Tu es blessée et tu n’as pas à dissimuler ou amoindrir tes sentiments. Tu peux les exprimer librement et sincèrement dans la présence de Dieu et ensuite les lui confier, il promet de prendre soin de toi et de guérir tes blessures.
Ceux qui sont abattus, il les guérit. Il panse leurs blessures !
Psaumes 147.3
2. Souviens-toi du pardon de Dieu
Affirmer que tu n’aurais (ou n’as) jamais commis un acte aussi méchant ou abject que celui que tu reproches à la personne qui t’a offensée ne justifie pas que tu ne lui pardonnes pas. La Bible rappelle que tous ont péché et tous ont été privés de la gloire de Dieu. Peu importe la gravité ou la légèreté de tes fautes à tes yeux, Dieu te les a pardonnées gratuitement. Tu te dois de faire de même pour ton prochain.
Mais quand Dieu notre Sauveur a révélé sa bonté et son amour pour les hommes, il nous a sauvés. S’il l’a fait, ce n’est pas parce que nous avons accompli des actes conformes à ce qui est juste. Non. Il nous a sauvés parce qu’il a eu compassion de nous, en nous faisant passer par le bain purificateur de la nouvelle naissance, c’est-à-dire en nous renouvelant par le Saint-Esprit.
Tite 3.4-5
3. Sois encouragée par le témoignage de ceux-là qui ont pardonné « l’impardonnable »
Connais-tu l’auteure et conférencière chrétienne Joyce Mayer ? Elle a une histoire assez particulière. Elle a choisi de pardonner à son père l’abus sexuel qu’il lui a fait subir pendant des années. Non seulement elle lui a pardonné, mais elle a décidé de construire une relation avec lui, lui a prêché l’Évangile et a été celle qui l’a baptisé quand il a donné sa vie à Dieu. Aussi extraordinaire que te parait son histoire, Joyce Meyer est une femme de la même nature que toi. Que son témoignage soit un encouragement que tu peux toi aussi tout pardonner.
Mais encouragez-vous les uns les autres, jour après jour, aussi longtemps qu’on peut dire aujourd’hui, afin qu’aucun d’entre vous ne se laisse tromper par le péché et ne s’endurcisse.
Hébreux 3.13
4. Rappelle-toi que ce n’est pas contre la chair et le sang que tu luttes
Il est si facile de regarder à la personne qui t’a offensée comme si elle était le mal incarné, essayant de comprendre sa méchanceté. On oublie vite que le véritable auteur du mal c’est le diable, et que les êtres humains luttent avec la loi du péché (Romains 7).
Car nous n’avons pas à lutter contre des êtres de chair et de sang, mais contre les Puissances, contre les Autorités, contre les Pouvoirs de ce monde des ténèbres, et contre les esprits du mal dans le monde céleste.
Éphésiens 6.12
5. Demande à Dieu de te remplir d’amour et te donner la force de pardonner
La Bible nous enseigne que l’amour couvre une multitude de fautes et Jésus nous demande d’aimer nos ennemis. Un autre commandement qui te semble peut-être impossible, mais rien n’est impossible à Dieu. Si tu lui demandes de te remplir d’amour pour la personne qui t’a offensée, il le fera certainement.
Or, notre espérance ne risque pas de tourner à notre confusion, car Dieu a versé son amour dans notre cœur par l’Esprit Saint qu’il nous a donné.
Romains 5.5
6. Choisis de pardonner
Lorsqu’elle nous demande de pardonner, la Bible utilise l’impératif : « pardonnez ». C’est un temps qui exprime un ordre, une urgence, mais aussi qui prouve que le pouvoir de pardonner est entre tes mains. Tu as l’autorité de pardonner comme tu as l’autorité de chasser les démons et de guérir les malades. C’est un choix : le choix d’obéir à Dieu, d’aimer ton prochain, et de vivre la liberté pour laquelle Christ t’a affranchie.
Je peux tout, grâce à celui [Christ] qui me fortifie.
Philippiens 4.13
C’est pour la liberté que Christ t’a rendue libre. Acceptes-tu d’ouvrir ton cœur à pardonner toutes les offenses, qu’elles soient petites ou grandes, et de jouir pleinement de ta liberté en Christ ?