Les émotions sont des réactions affectives à une situation ou une expérience donnée dont l’intensité varie d’une personne à une autre. Autrement dit, ce sont des formes d’alarmes ou perturbations de l’humeur provoquées généralement par un événement (promotion, chômage, abus, embouteillages, mariage, etc.), une nouvelle (grossesse, échec, décès, etc.), un objet, un animal ou une personne (dispute, agression, rencontre, cadeaux, etc.).

Ces réactions peuvent s’extérioriser par le comportement (des actes), par des expressions faciales ou encore par des paroles. Les émotions sont utiles, car elles permettent de mieux se connaître dans la mesure où nous apprenons davantage sur notre propre tempérament, sur l’attitude qu’on adopterait dans un cadre précis et ce que nous aimons ou n’aimons pas dans les rapports avec autrui. Elles attirent notre attention sur un fait et parfois nous nous en inspirons pour prendre des décisions au quotidien.

Par ailleurs, les émotions sont également l’expression du cœur. Elles influent sur le jugement, le raisonnement et les relations. Alors, prêter attention aux émotions d’une personne c’est écouter le cri de son cœur ou de son âme, c’est-à-dire comprendre le besoin réel de l’autre qui peut juste être un besoin d’écoute, de soutien, de consolation ou de prière.

C’est de l’abondance du cœur que la bouche parle.

Luc 6.45

Les types d’émotions

En psychologie, les émotions sont classées selon qu’elles sont primaires, secondaires, positives ou négatives.

Les émotions primaires ou de base (encore appelées émotions normales) sont celles qui sont innées en nous, c’est-à-dire celles avec lesquelles nous naissons. En général, pour qu’elles s’expriment, il faut qu’elles soient stimulées par un événement lié à notre environnement ou par des personnes qui nous entourent. Selon le psychologue Paul Ekman, les émotions primaires sont : la colère, la joie, la tristesse, la peur, le dégoût et la surprise.

À l’inverse des émotions normales, Paul Ekman affirme que les émotions secondaires résultent de l’interaction avec les autres et de la combinaison de plusieurs émotions primaires. Elles sont un peu plus complexes que les émotions innées parce que nous ne les exprimons pas toujours avec des pleurs, un sourire, un froncement de sourcils, un changement de tonalité dans la voix ou des gestes comme dans le cas de la joie, la colère ou la tristesse. Entre autres émotions secondaires, on peut citer la culpabilité, l’embarras, le mépris, la satisfaction, la fierté, le plaisir, la honte, etc.

En outre, la psychologue Graciela Baugher pense que les émotions secondaires peuvent en quelque sorte être le développement mental des émotions primaires. En effet, lorsqu’une émotion primaire perdure, elle peut engendrer une émotion secondaire. Un sentiment de peur trop prolongé par exemple peut entraîner de l’anxiété, de l’angoisse, une phobie ou même un traumatisme à l’égard de quelque chose. Un sentiment de tristesse trop étendu peut conduire à une dépression. On peut aussi noter un sentiment de vengeance ou de haine dans le cas où le sentiment de colère subsiste. Le même principe s’applique aussi avec la joie ou le plaisir : à la longue, cela peut engendrer un attachement ou une dépendance pour quelqu’un ou quelque chose.

Garde ton cœur plus que toute autre chose, car de lui viennent les sources de la vie.

Proverbes 4.23

Les émotions peuvent être qualifiées de positives ou de négatives (ou encore de constructives ou de déconstructives) lorsqu’elles affectent notre comportement de façon méliorative ou de façon péjorative. Certaines émotions peuvent provoquer des attitudes positives face à certaines situations de la vie. Caïn, par exemple, en colère parce que Dieu n’a pas approuvé son offrande, a tué son frère Abel. Il a ressenti une émotion normale, mais qui s’est avérée négative au vu du meurtre qu’il a commis (Gn 4.8). Ainsi, qu’elles soient primaires ou secondaires, nos réactions émotionnelles sont causées par ce que nous vivons au quotidien et peuvent avoir un impact positif ou négatif sur notre attitude. Bien que l’apparition de nos émotions ne dépende pas de nous, ce que nous en faisons relève entièrement de notre responsabilité. Dieu comprend ce que nous ressentons, mais nous sommes responsables de l’attitude que nous adoptons à la suite d’un événement. D’où l’importance de bien gérer nos sentiments.

Et l’Éternel dit à Caïn : Pourquoi es-tu irrité (…) ? Certainement, si tu agis bien, tu relèveras ton visage, et si tu agis mal, le péché se couche à la porte, et ses désirs se portent vers toi : mais toi domine sur lui.

Genèse 4.6-7

L’importance de bien gérer ses émotions

Face à chaque situation de la vie, soit nous choisissons d’intérioriser ce que nous ressentons ou de renier nos sentiments, soit nous acceptons nos émotions et choisissons de les gérer. Le danger avec l’intériorisation de nos émotions c’est que nous risquons de les accumuler et, au fil du temps, finir par exploser. Ce n’est donc étonnant que dans un différend avec quelqu’un, il arrive souvent qu’au lieu de relever uniquement l’objet du différend, nous mentionnions en plus les frustrations remontant à plusieurs jours, voire plusieurs semaines, mois ou années ; c’est peut-être parce que nous n’avons pas pris le temps de gérer ce que nous avons ressenti au moment des faits.

Par ailleurs, même si nous sommes parfois dans le déni concernant nos sentiments, notre corps, lui, réagit spontanément notamment face aux situations plus ou moins traumatisantes. Savoir gérer ses émotions c’est donc ne pas se laisser conduire par notre chair, au risque de faire ce qui est mal aux yeux de Dieu ou de poser des actes ayant des effets néfastes sur nous ou sur les autres. Gérer ses émotions c’est avoir le contrôle sur ses sentiments, prendre des décisions avec lucidité et en assumer pleinement la responsabilité.

Une personne qui n’a pas une bonne gestion de ses émotions :

• Stresse facilement
• Porte rapidement des jugements contre autrui
• Est rancunière
• Se sent presque tout le temps incomprise
• Blâme les autres pour ses propres réactions (comportement irresponsable)
• Est facilement irritable
• Agit de façon disproportionnée

Comment gérer sainement ses émotions ?

1. Accepte ce que tu ressens

C’est Dieu qui nous a créées, esprit, âme et corps (Gn 1.27, 31). Que ce soit un sentiment de joie, de tristesse ou de colère, reconnais ce que tu ressens en le notant dans un cahier ou une feuille ou parles-en à un ami à Dieu.

2. Identifie l’origine de ton émotion

Relève l’élément qui a provoqué l’émotion que tu ressens. Dans le cas d’une offense par exemple, tu peux noter le nom de l’événement ou de la personne qui t’a offensée, et pourquoi tu as été irritée. Tu pourras ainsi détecter ce que tu n’apprécies pas chez autrui et comprendras ta sensibilité face à certaines circonstances. Dans le cas d’un attachement à quelque chose ou à quelqu’un, cela peut t’aider à en comprendre l’origine (Gn 4.6).

3. Refuse les pensées négatives

Dans la colère ou la tristesse, il peut arriver que tes pensées te suggèrent de te rendre justice toi-même. Cependant, les pensées négatives ne sont pas seulement des suggestions néfastes. Il peut arriver qu’elles semblent positives à tes yeux, et pourtant négatives du fait qu’elles sont contraires aux instructions que Dieu t’a données. Par exemple, ce n’est pas parce que tu aimes regarder des films que tu le feras à l’heure de ta méditation. Dans ce cas, cite audiblement ce que la Bible dit de ces pensées qui t’accablent comme l’a fait Jésus lorsqu’il a été tenté par Satan dans le désert (Matthieu 4.1-11).

4. Demande l’aide du Saint-Esprit par la prière

Dieu nous a donné son Saint-Esprit pour nous aider en toutes circonstances. Par nos propres forces, nous ne pouvons pas résister aux désirs de notre chair. Prie et demande au Saint-Esprit de t’aider à gérer ce que tu ressens afin que ce ne soit pas ta chair qui te dicte ce que tu dois faire, mais que le Seigneur te montre quelle réaction il adopterait s’il était à ta place. Crois que Dieu t’écoute et t’exauce (Jean 15.5).

5. Reviens à ce que dit la Parole de Dieu

N’hésite pas à confronter ce que tu ressens à la Parole de Dieu. Si tu ressens par exemple de la peur, la vérité est que cette peur ne vient pas de Dieu, car il dit dans sa Parole que l’amour parfait bannit la crainte (1 Jean 4.18). De plus, Dieu a promis de te procurer la paix (Jean 14.27).

6. Entraîne-toi à dominer (canaliser) tes émotions

La maîtrise de soi fait partie du fruit de l’Esprit Saint qui nous évite des conséquences désastreuses (Galates 5.22-23). Alors, tu peux gérer tes émotions fortes (colère, trop de joie, etc.) en te défoulant par l’écriture (si tu aimes bien écrire). De plus, tu pourrais en parler à quelqu’un de mature (un partenaire de prière par exemple), enregistrer dans ton téléphone tout ce que tu ressens, sortir de la maison et crier, marcher ou courir, bref faire quelque chose qui te soulage et te rend plus calme. Ensuite, tu verras qu’une fois calmée, tu auras les idées plus claires, tu seras plus raisonnable et plus ouverte aux conseils et tu seras capable de prendre des décisions objectives.

Par ailleurs, il faut prendre en compte que l’être humain est triparti : corps, âme et esprit. Avoir des habitudes de vie saine, prendre soin de son corps, joue un rôle primordial dans la saine gestion de ses émotions.

En résumé, il est tout à fait normal que nous ayons des émotions parce que Dieu nous a créées avec une âme, un cœur. Nous sommes des êtres relationnels. Nos sentiments nous aident à mieux communiquer avec notre entourage. Au lieu de les refouler, Dieu nous donne les outils nécessaires pour les gérer sainement et la responsabilité nous revient de cultiver une bonne santé mentale.