La fraternité, un terme emprunté et réemprunté. Il désigne, selon le dictionnaire, « les liens de solidarité qui devraient unir les membres de la famille humaine ». Parfois tirée jusqu’aux abus de relation, la fraternité, vue sous l’angle d’une saine et bénéfique solidarité, est une idée bien mise en avant dans la société occidentale. Par exemple, un rapide examen de l’ensemble des entreprises du Québec montre que près de 500 entreprises reprennent dans leur nom le terme « fraternité ». Il serait judicieux de se questionner sur son équivalent féminin : la sororité. On retrouve seulement 5 entreprises qui portent dans leurs titres le mot « sororité ». Le but ici n’est pas d’apporter des arguments supplémentaires à la lutte contemporaine, consistant à féminiser la langue française, ni de populariser les équivalents féminins de certains mots. Cela étant dit, il faut reconnaitre que les interactions entre femmes sont généralement abordées sous l’angle de la rivalité, des disputes ou de vaines querelles. Non. L’objectif de cet article est d’éclairer la réalité qui se cache derrière le terme « sororité » et de souligner l’importante pour nous, femmes, de la vivre.
La Bible nous offre de beaux exemples de relations dans lesquelles la solidarité et le partage sont mis à l’honneur, notamment l’amitié entre Jonathan et David et celle de Noémi et Ruth. La Bible nous rapporte aussi une partie de la vie d’une femme fidèle qui a été une sœur et une alliée : il s’agit d’Elizabeth.
Elizabeth est présentée dans le premier chapitre du livre de Luc. Peu de choses sont dites à son sujet. À y regarder de plus près, les passages où elle apparait ne la mettent en scène que pour parler d’une autre personne, soit Marie, sa proche parente. La relation entre les deux femmes nous donne plusieurs indices sur le caractère d’Elizabeth, qui reflète les concepts d’entraide, d’amitié et de partenariat.
Qu’'il est agréable, qu’il est doux pour des sœurs de demeurer ensemble
Le premier indice que fournit Luc 1 sur le caractère d’Elizabeth est qu’elle était une personne dont on appréciait la compagnie : il était bon de se retrouver dans sa présence. Du moins, c’est ce que montre Marie qui, lorsqu’elle apprend la grossesse d’Elizabeth, se rend chez elle pour y passer plusieurs mois. Il est courant dans certaines cultures qu’une jeune femme, habituellement une parente ou une amie proche, porte de l’aide à une femme enceinte. Si dans certains cas, les jeunes aidantes vivent mal cette cohabitation et cette aide forcée qui leur sont imposées par le devoir familial, c’est loin d’être le cas pour Marie. D’abord, cette dernière était elle-même enceinte, ce qui aurait été une parfaite excuse si elle avait voulu se désister de l’obligation d’aider sa parente. De plus, la Bible nous dit que c’est Marie qui est allée vers Elizabeth, auprès de qui elle est restée plusieurs mois.
Peu après, Marie partit pour se rendre en hâte dans une ville de montagne du territoire de Judée. Elle entraîne chez Zacharie et salua Elizabeth.
Luc 1. 39-40
Il y a des personnes avec qui l’on aime se retrouver : leur présence est douce et agréable. C’est vrai que des passions communes et des expériences passées similaires peuvent aider deux personnes à bâtir une relation d’amitié et, qu’en l’absence de ces points communs, la relation sera peut-être moins profonde. Cependant, il est bon d’être ce genre de femme qui sait propager la paix autour d’elle plutôt qu’être celle que les gens fuient. Il aurait probablement été difficile pour Marie de visiter sa parente, si celle-ci avait par le passé arboré une attitude déplaisante. Au contraire, c’est dans la sérénité et la joie que les deux femmes se retrouvent.
De David. Voici, oh! qu'il est agréable, qu'il est doux Pour des frères de demeurer ensemble!
Psaume 133.1
Elizabeth s'est réjouie lorsqu'il fallait se réjouir
Pendant longtemps, Elizabeth avait été stérile. On peut facilement imaginer comment, à maintes reprises, elle a vu d’autres femmes recevoir ce qu’elle espérait tant recevoir elle aussi. Puis un jour, l’Éternel, dans sa bonté, l’exauce. Enfin ! C’était son tour, son moment était venu. Après avoir été le témoin des projets réalisés et des victoires des femmes de son entourage, le temps était venu pour elle de vivre cette joie immense. Vu le contexte, personne ne lui aurait reproché de vouloir se concentrer sur sa propre personne, d’autant plus qu’elle connaissait la destinée à laquelle son fils avait été appelé, et c’est ce qu’elle a fait. Elizabeth s’est retirée de son entourage pendant quelques mois afin de laisser grandir le don de Dieu en elle. En revanche, ce retrait n’était pas synonyme de centrisme ni d’égoïsme.
Soyez en joie avec ceux qui sont en joie; et pleurez avec ceux qui pleurent
Romains 12.15
En effet, Elizabeth est restée réceptive à l’action du Saint-Esprit quand il a fallu accueillir Marie, qui portait en elle un don qu’Elizabeth savait être encore plus grand que le sien. Quelle preuve d’un caractère bon et solidaire !
C’est là notre deuxième indice sur le caractère d’Elizabeth. Le Saint-Esprit avait trouvé en elle une femme disponible pour célébrer le Seigneur pour la grâce qu’il faisait à une autre, un cœur capable de se réjouir en accueillant une jeune fille qui avait obtenu sans effort ce qu’elle avait eu tant de mal à voir se réaliser dans sa propre vie.
Au moment où celle-ci entendit la salutation de Marie, elle fut remplie du Saint-Esprit et s'écria d'une voix forte : Tu es bénie plus que toutes les femmes et l'enfant que tu portes est béni. Luc 1.41-42
Elizabeth était une coéquipière de destinée
Jusqu’ici, le caractère que présente Elizabeth est déjà très positif ; qui refuserait d’avoir dans son entourage une sœur, une amie, une collègue ou une aide comme elle ? Mais à ce moment précis du récit, Elizabeth est bien plus pour Marie que la parente bien-aimée qui prend le temps de se réjouir avec elle. En accord avec le plan de Dieu, Elizabeth prend la place d’une coéquipière à qui il a été donné de reconnaitre le « spécial » dans la vie de Marie, de comprendre l’œuvre que Dieu opère en elle et de la bénir ! Il est certain que cela vient du Seigneur. Alors, oui, la gloire doit-être rendu au Père pour le déroulement de son plan ; mais, comme mentionné plus haut, le Père a besoin d’une disposition de nos cœurs pour agir.
C’est dans ce sens que l’histoire d’Elizabeth suscite notre réflexion. Sommes-nous disposées à honorer une autre femme même si elle est plus jeune ou moins expérimentée que nous ? Même si son don ou sa bénédiction sont plus imposants que les nôtres ? Si oui, alors l’Éternel pourra nous utiliser pour développer un réseau de femmes solidaires, une sororité, comme il l’a fait avec notre protagoniste. La suite de l’histoire montrera que le respect et la position de servante qu’Elizabeth a eus envers Marie seront amenés à leur perfection par l’enfant qu’elle portait, un enfant qui aura pour mission de préparer le chemin devant le Christ.
Comment ai-je mérité l'honneur que la mère de mon Seigneur vienne me voir ?
Luc 1.43
L’enseignement à tirer de l’histoire d’Elizabeth : Être une sœur, une amie, une coéquipière, une servante
Ce portrait d’Elizabeth nous a amenées à découvrir deux femmes de la même parenté qui se réunissent pour accomplir le plan de Dieu : oui, Dieu valorise aussi la sororité. Il veut faire de nous des sœurs pour le corps de Christ, des amies pour certaines, des coéquipières pour d’autres et des servantes pour une mission particulière. Dit ainsi, la casquette peut paraître lourde à porter. Mais, il n’y a pas d’inquiétude à avoir. Comme nous l’avons vu, le Seigneur sait orchestrer les choses, il nous suffit de manifester la volonté de lui obéir et de servir notre prochain.
Enfin, Dieu a une destinée et de bonnes choses en réserve pour chacune d’entre nous, et nous en jouirons toutes en fonction de notre capacité à recevoir.
Et si vous n’avez pas été fidèle dans ce qui est à autrui, qui vous donnera ce qui est à vous ?
Luc 16.12
Autant Dieu prendra plaisir à te voir développer le caractère qu’Elizabeth a manifesté, autant il saura placer d’autres femmes ayant ce caractère dans ta vie. Alors, prie et travaille pour devenir cette femme, cette alliée, cette sœur dans la présence de qui il est agréable d’être, et que le Saint-Esprit utilisera pour révéler le trésor qui se cache dans les femmes de son entourage.